Ulteriori informazioni
René Guénon
Une politique de l'esprit
« ... l'Angleterre avait Shakespeare,
l'Italie Dante, l'Allemagne Goethe,
la France avait Guenon. »
Jean Borella.
Né à Blois en 1886 et enterré au Caire sous le nom
d'Abd el-Wâhed Yahiâ en 1951, René Guenon est
l'homme par qui le scandale arrive. Il dénonce la
décadence de l'Occident moderne, fruit d'une
lente dégénérescence de son héritage métaphysique
et se tourne, au grand dam des catholiques,
vers l'Orient devenu, selon lui, le refuge ultime de la «Tradition ». Cette dernière notion,
centrale chez Guenon, élève toutes les traditions religieuses de l'humanité au même niveau de transcendance tout en reconnaissant à chacune d'entre elles sa dimension spirituelle
spécifique. Un point de vue tout simplement révolutionnaire dans les années 30.
Dès lors, il appartient à l'individu de se déterminer spirituellement par un processus de
connaissance graduée qui dépasse largement le seul exercice d'un rite religieux. C'est
la voie ésotérique par essence, qui suscitera l'émergence à travers le monde (Europe,
États-Unis, Russie, etc.) d'innombrables « chapelles » initiatiques se réclamant de Guenon,
avec notamment les groupes soufis dirigés par Schuon, Vâlsan ou Pallavicini. Chose
frappante, un lien inextricable s'est peu à peu tissé entre cette perspective ésotérique et
l'horizon politique. En témoignent la « spiritualité héroïque » de Julius Evola dans l'Italie
des années trente mais aussi les résonances guénoniennes qu'on découvre dans l'engagement
politique de Simone Weil ou de Carl Schmitt. Parallèlement à l'activité des revues
Le Voile d'Isis/Études Traditionnelles, les apports de Mircea Eliade, d'Henry Corbin ou de
Raymond Abellio achèvent de perpétuer le rayonnement guénonien, si controversé soit-il.
Cette mise en perspective monumentale de l'oeuvre de René Guénon révèle, de manière
décisive, une figure cardinale du XXe siècle et dévoile l'étendue de son rôle dans la
construction de la pensée occidentale moderne.