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«L'homme n'est ni ange ni bête et le malheur veut que qui veut
faire l'ange fait la bête.» On n'a pas attendu les Pensées de Pascal
pour s'interroger sur la position étonnante de l'humain dans
l'univers, à la croisée de l'animalité et du divin. Dès le XIIe siècle,
un Isaac de l'Étoile évoquait la double condition de
celui qui est ainsi placé aux confins de Dieu et
des bêtes : «Extérieurement, tu es un animal,
à l'image du monde : et c'est pourquoi on dit
de l'homme qu'il est un petit monde. À l'intérieur,
tu es un homme, à l'image de Dieu,
capable donc d'être déifié.» Que signifie en
l'homme la double présence de l'animalité et
de la spiritualité ? Les modèles les plus
sublimes n'engendrent-ils pas des contre-modèles
qui engagent l'homme dans une expérience
des limites ? Ces questions ont été examinées lors de deux
colloques organisés à Lyon, en avril 2000 et en avril 2001, dont ce
volume réunit les actes. À partir de la littérature médiévale dans
ses diverses expressions, (poésie lyrique, romans courtois, chansons
de geste, récits de miracle, théâtre religieux), mais aussi à
partir de textes liturgiques, d'écrits pédagogiques
et mystiques on a examiné les multiples
manières qu'avaient les hommes du Moyen
Âge de signifier par le verbe les figures
héroïques et démoniaques qui peuplaient
leur imagination et leurs rêves. Cette littérature,
en effet, est un parfait témoin de la
conception d'un univers hiérarchisé où
l'homme est à la fois sommet de la création et
passage entre le monde d'en bas et celui d'en
haut. Mais elle revendique en même temps une forme d'autonomie
qui lui est propre, un écart esthétique que les théologiens ont
perçu comme un danger à partir du XIe siècle, dès l'essor de la
poésie en langue vulgaire. C'est donc dans ce double cadre de
référence - philosophico-théologique et littéraire - et dans une
perspective interdisciplinaire que la question de l'homme et de
ses limites au Moyen Âge est envisagée ici.