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Depuis le début du XIXe siècle, ce n'est plus le secret qui légitime les «arts de gouvernement»
en Europe. C'est la science. Élections, colonies, propagande, état civil,
hygiène, risques naturels : les territoires de cette revendication, promue nouveau Graal
de la raison bureaucratique, ont donné naissance à des savoirs de plus en plus professionnalisés.
Ce sont d'eux que viennent en droite ligne les «expertises» qui aujourd'hui
encore trament l'administration du politique. S'intéresser, comme y invite cet ouvrage,
à ces savoirs mais aussi à ces figures, revues, théories ou disciplines aujourd'hui sans
sépulture, ce n'est pas céder à une passion érudite. C'est oeuvrer à une histoire sociale :
celle des registres de scientificité dont s'est continûment enorgueillie la conduite du
pouvoir politique. C'est se donner les moyens d'interroger les instruments de connaissance
et de légitimation par lesquels se font puis se défont les modèles d'action gouvernementale,
ceux qui ont accompagné l'extension des interventions de l'État. Car ces
«sciences de gouvernement», qu'elles soient oubliées ou toujours actuelles, décriées ou
pourvues de titres académiques, n'ont cessé d'apporter de la majesté au politique. Un
éclat d'objectivité dont se targuent toujours les pratiques du gouvernement de la Cité.