Ulteriori informazioni
«Faire» son genre implique parfois de défaire les normes dominantes de
l'existence sociale. La politique de la subversion qu'esquisse Judith Butler
ouvre moins la perspective d'une abolition du genre que celle d'un monde
dans lequel le genre serait «défait», dans lequel les normes du genre
joueraient autrement, tout autrement. Que le genre puisse être défait
présuppose en effet qu'il est un «faire» susceptible de transformations et
non une structure figée et immuable. Ce livre, retour critique sur les analyses
développées par l'auteure dans Trouble dans le genre, s'inscrit dans une
démarche indissociablement théorique et pratique : il s'agit, en s'appuyant
sur les théories féministe et queer, de faire la genèse de la production du
genre et de travailler à défaire l'emprise des formes de normalisation qui
rendent certaines vies invivables, ou difficilement vivables, en les excluant
du domaine du possible et du pensable. Par cette critique des normes qui
gouvernent le genre, avec plus ou moins de succès, il s'agit ici dégager les
conditions de la perpétuation ou de la production de formes de vie plus
vivables, plus désirables et moins soumises à la violence.
Judith Butler s'attache notamment dans les présents essais à mettre en
évidence les contradictions auxquelles sont confrontés ceux et celles qui
s'efforcent de penser et transformer le genre. Défaire le genre manifeste
en particulier le souci de la façon dont les luttes pour la reconnaissance
et l'égalité sont susceptibles, pour ainsi dire malgré elles, de contribuer à
l'invisibilisation et à l'exclusion de certain-e-s. Sans prétendre toujours
dépasser ces contradictions, ce livre semble en définitive suggérer la possibilité
de leur traitement politique : «La tâche de tous ces mouvements me paraît
être de distinguer entre les normes et les conventions qui permettent aux
gens de respirer, désirer, aimer et vivre, et les normes et les conventions
qui restreignent ou minent les conditions de la vie elle-même. La critique
des normes de genre doit se situer dans le contexte des vies telles qu'elles
sont vécues et doit être guidée par la question de savoir ce qui permet de
maximiser les chances d'une vie vivable et de minimiser la possibilité d'une
vie insupportable ou même d'une mort sociale ou littérale.»
Édition augmentée avec une postface inédite de Judith Butler :
«Le Transgenre et «les attitudes de la révolte»».