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« Il n'y a d'autre loi que cette loi de convenance. [...] Que m'importe l'aisance, si j'ai à rendre la maladresse, que m'importe un certain ordre, si je veux donner l'impression du désordre, que faire du trop aéré quand je suis en présence du compact et de l'encombré ? Il faut que, notre rhétorique, nous nous la soyons faite sur place, et jusqu'à notre grammaire, et jusqu'à notre syntaxe - et que, ce choc reçu, nous n'ayons plus en vue que de le restituer tel quel » (Raison d'être).
Ramuz publie son premier essai à la veille de la Première Guerre mondiale, en guise de manifeste inaugural des Cahiers vaudois. Il pose de la sorte les jalons d'une entreprise collective d'avant-garde, tout en se donnant les moyens d'affirmer son propre projet poétique. Entre 1914 et 1920, au sein de ces Cahiers qui reconnaissent en lui leur chef de file et qui lui offrent une précieuse liberté éditoriale, il n'aura de cesse de mettre au premier plan ses recherches stylistiques, aussi bien par le biais de réalisations audacieuses que par celui de manifestes exposant son ars poetica. Les essais qu'il publie à leur enseigne, comme les conférences qu'il consacre parallèlement aux « Grands Moments de l'Art français au XIXe siècle », reprennent et développent des considérations jusqu'alors dispersées dans des articles de presse, et leur confèrent une dimension nouvelle. Ils imposent l'image d'un écrivain avant tout préoccupé par la langue, par le rythme et le ton ; l'image d'un écrivain, aussi, qui lit l'actualité non dans ses tenants et aboutissants politiques, mais dans une perspective esthétique, soumettant l'histoire au mythe et les événements à l'émotion qu'ils suscitent.
Ce volume contient les trois essais publiés par Ramuz dans les Cahiers vaudois (Raison d'être, « L'Exemple de Cézanne », Le Grand Printemps), deux essais inédits directement associés à ces mêmes Cahiers (« Les Messieurs de Vaucherens », « Besoin de grandeur »), et les dix conférences prononcées par l'écrivain au Conservatoire de Lausanne au cours de l'hiver 1915-1916 sous le titre « Les Grands Moments de l'Art français au XIXe siècle ».
