Ulteriori informazioni
Comment dire le chant du vent dans les branches
le charme printanier des floraisons blanches
ô splendeur du printemps, ô splendeur de mai.
L'azur plein de chansons et l'air embaumé
l'âme épanouie en des gerbes de rêves.
Le flot grondeur se brise au loin sur les grèves
et ne submerge pas encor ma moisson.
Heureux je dis aux bois ma douce chanson
je vais cueillant des fleurs au bord de la route.
Nul ne me voit passer et nul ne m'écoute.
Je suis seul et je suis heureux d'être seul.
Le brouillard met sur l'avenir son linceul.
Mais le présent s'étale en pleine lumière
Et je suis encor dans ma force première
Et le courage me conduit par la main.
(11 décembre 1896, extrait)
Dès l'âge de douze ans, selon ses propres dires, C.F. Ramuz s'adonne
à l'écriture. Mais c'est en 1896 qu'il confie à sa mère sa décision de
devenir écrivain. Il vient de passer son baccalauréat et se trouve en
séjour d'étude à Karlsruhe. Dès lors, il conserve soigneusement tout ce
qu'il écrit, datant méticuleusement ses textes. De 1896 à 1903 (année
de la parution du Petit Village), il compose plus de mille poèmes, une
soixantaine de nouvelles, des conférences qu'il prononce à l'Université.
Il ébauche aussi des pièces de théâtre et, en 1900-1901, il rédige
un roman entièrement achevé et dont il a laissé deux versions, La Vie
et la Mort de Jean-Daniel Crausaz. Fallait-il publier ces inédits et
montrer l'écrivain tâtonnant à la recherche d'un style qui fût en harmonie
avec la vision du monde qu'il était en train de se forger ? Oui,
car cette immense production littéraire n'a pas seulement un intérêt
documentaire ; elle donne la mesure de l'acharnement avec lequel
C.F. Ramuz a cherché à tracer une voie originale et à trouver un ton
personnel dans la littérature de son temps. Ce volume d'inédits présente
ainsi un témoignage unique et remarquable sur la constitution
de la poétique ramuzienne.