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Le sens commun se représente la rhétorique de l'éloge et du blâme sous deux aspects contradictoires. Nous y voyons tantôt une simple parole d'apparat, tantôt une activité discursive qui fonde nos valeurs les plus sacrées. Cette hésitation n'est pas neuve : chez Aristote, déjà, les discours épidictiques d'éloge ou de blâme oscillent constamment entre l'exploit verbal et l'exposition éthique des vices et des vertus.
Les contributions réunies ici partent de l'hypothèse que le genre épidictique se situe aux confins de la rhétorique et de la poétique, là où l'évocation de modèles ou d'anti-modèles vise à renforcer, chez l'auditoire, une disposition à l'acte. Les analyses développées touchent à la création de la réalité sociale, aux mécanismes de prise de décision, aux rapports entre intellect et émotions, mais aussi aux actes de langage et à la construction de l'ethos.
Si l'oraison funèbre de Jean Moulin par André Malraux, ou l'éloge de François Mitterrand par Jacques Chirac, illustrent l'épidictique cérémoniel, d'autres textes, dus à J.M.G. Le Clézio, à Benjamin Péret, à Francis Ponge, montrent comment la poésie exploite les ressorts et matériaux de l'éloge ou du blâme pour nous livrer une vision du réel qui va de la banalité au paradoxe, et du conformisme à la provocation.
