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Vingt millions de morts : tel est, actuellement, le bilan très
probable des événements décrits par les deux livres que réunit ce
volume. Sanglantes moissons relate la destruction de l'agriculture
russe opérée par Staline au cours des années 1930, en trois étapes :
l'élimination des koulaks, censés être les paysans les plus riches,
puis la collectivisation des terres et le regroupement forcé des
paysans dans des kolkhozes ; la famine organisée enfin, qui fit
cinq millions de victimes dans la seule Ukraine, dont Staline
voulait briser l'identité nationale.
Enchaînant sur cette tragédie, La Grande Terreur (entièrement
revu et augmenté depuis sa première publication) étudie la
répression sans exemple que Staline et le NKVD infligèrent ensuite
au Parti, à l'intelligentsia et à la population dans son ensemble.
Le moment le plus spectaculaire en fut les grands procès, au cours
desquels les membres de la vieille garde bolchevique s'accusèrent
de trahison et d'avoir ourdi un vaste complot hitléro-trotskiste.
Il n'en existait aucune preuve, à l'exception de leurs propres aveux
extorqués par le chantage et la torture.
«Ils goberont tout !» avait dit Staline des Occidentaux avant
que s'ouvrît le premier procès. Compagnons de route ou membres
des partis communistes, les intellectuels d'Europe et des États-Unis,
dans leur écrasante majorité, se firent les complices de la terreur
stalinienne. À l'anesthésie morale de l'opinion publique succéda
l'oubli. Ces deux livres sont indispensables à la connaissance de
la Russie et de l'histoire du XXe siècle et utiles au «devoir de
mémoire» qui s'impose toujours à nous.
Georges Liébert