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Y eut-il deux hommes en Rimbaud ? Déjà en 1905, Victor Segalen,
qui avait réfléchi à l'apparente opposition chez le même homme
du Poète et de l'Explorateur, se demandait dans son Journal «si l'on
pourrait jamais concilier ces deux êtres l'un à l'autre si distants ou si
les deux faces de ce Paradoxal relevaient toutes deux d'une unité
plus haute et jusqu'à présent non manifestée.» C'est en quelque
sorte à la recherche d'une pareille «unité plus haute» que G. Pirlot
s'est livré dans le présent ouvrage. Il s'est appliqué en effet à relever
les liens qui ont pu exister entre les spécificités de l'expression
poétique chez Rimbaud et l'apparition ultérieure chez celui-ci d'un
cancer au genou contracté dans les conditions climatiques et psychiques
extrêmes que le poète connut en Abyssinie.
En privilégiant la seconde topique freudienne, cette recherche
part de l'hypothèse qu'il existe un continuum allant de l'ordre psychique,
y compris dans la forme d'écriture poétique de Rimbaud,
à l'ordre somatique, en l'occurrence la pathologie cancéreuse.
Avant celle-ci, déliaison et auto-destruction se trouvent déjà dans
«le corps de l'oeuvre» poétique, mais l'activité d'écriture et le recours
au Verbe permettent alors au poète d'«encoder» et de «subvertir»
la détresse infantile, la quête de l'amour paternel et une colère sans
nom. Après l'abandon de la poésie, dans le silence et la solitude du
Harar, certaines fonctions physiologiques «héritent» de cet «encodage»
et à la fin le cancer se déclare et bientôt flambe.