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Le voudrait-elle, l'École ne pourrait se
tenir à l'écart des questions vives qui font
débat et interpellent les citoyens. D'abord,
parce que l'actualité entre tous les matins
avec les élèves dans la classe. Ensuite,
parce que les interrogations et les conflits
qui agitent le monde suscitent inévitablement
des interrogations chez les élèves et
qu'il est plutôt rassurant, après tout, que
ces derniers se tournent vers leurs professeurs
pour les éclairer. Enfin, et tout
simplement, parce que les programmes scolaires
eux-mêmes abordent une multitude
de questions qui sont étroitement liées à
notre avenir individuel et collectif.
La génétique, le conflit israélopalestinien,
l'égalité des sexes, la pollution,
la mondialisation des échanges, le
racisme... autant de questions, parmi bien
d'autres, qui affleurent inévitablement dans
les classes.
Comment réagir alors ? Faut-il refuser de
s'engager sur ce «terrain glissant» et s'en
tenir aux «savoirs objectifs» ? Ou bien
faut-il ouvrir largement le débat afin que
les élèves puissent apprendre, à l'École, à
«penser par eux-mêmes» ? Les dangers
existent des deux côtés : danger d'un dogmatisme
qui, sous prétexte d'objectivité,
ignore les préoccupations des élèves et
n'enseigne que des savoirs formels abandonnés
dès la fin du cours... Danger d'un
relativisme qui met tout en discussion et
ouvre la porte à tous les conflits d'opinion.
L'immense mérite de ce livre - le premier
travail de cette ampleur sur cette thématique
- est de poser ces questions et de
nous aider à avancer de manière constructive.
À partir d'analyses et d'exemples qui
concernent de nombreuses disciplines et
tous les niveaux d'enseignements, il interroge
le rôle citoyen de l'école : comment
amener les élèves à distinguer le savoir et
les croyances, ce qui est discutable et ce
qui ne l'est pas ? Comment les aider à interroger
les sources, à questionner les points
de vue, à comprendre les valeurs qui les
sous-tendent ? Comment leur permettre de
voir, derrière ce qu'ils perçoivent comme
une fatalité, les décisions d'hommes et de
femmes ? Comment leur faire comprendre
qu'ils peuvent eux aussi agir sur la réalité ?
Travailler «les questions vives» n'est
pas chose facile. Mais c'est une urgence
pédagogique si nous voulons démocratiser
l'École et en faire une institution qui forme
les citoyens d'une véritable démocratie.
Alain Legardez, Laurence Simonneaux et
tous leurs collaborateurs nous proposent,
pour cela, un livre qui fera date. Il ouvre
des perspectives nouvelles et nous donne
les moyens d'avancer ensemble...
Philippe Meirieu