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«L'été. Une maison pleine de livres. Grands-parents, oncles, tantes
et une trentaine de cousins se sont donné le mot. Popolôrepô est
devenu, au fil du temps, un synonyme de chacune de leurs enfances.
Ceux d'entre nous qui prétendaient avoir lu ce livre mythique méritaient
le respect. Ils nous avaient présenté une troupe de personnages
originaux que la musique des mots mettait en mouvement. Fatty fessait
à feu son fils insupportable ; le mari aigri maigrissait à vue d'oeil ;
pour quelle obscure raison le marin ami de l'amiral n'aimait-il donc
pas la mie ? C'était à celui d'entre nous qui saisirait à la volée l'occasion
de placer les fameuses phrases phonétiquement farfelues. Les
assonances que nous préférions étaient celles dont le sens nous échappait.
Le cornac caltrac (sic) ou le petit potard pâle nous conféraient des
pouvoirs de grands initiés.
Le savions-nous ? Notre Popolôrepô était un livre d'artiste, tiré à 300
exemplaires, en 1927, par le couturier Paul Poiret, à l'intention de ses
amis. Poiret confectionne de délicats calligrammes dont la typographie
Art déco impose à ses textes des contorsions phonétiques et alphabétiques
inouïes. Déchiffrées, ces devinettes dadaïstes, lettristes avant la lettre,
deviennent autant de comptines délectables. On pense à Boby Lapointe,
à Georges Perec et à l'Oulipo de l'imagination sous contraintes.
Remarquable dessinateur de mode, Paul Poiret demande pourtant
à Pierre Fau des illustrations dans le style expressionniste. Il éclaire les
phonèmes énigmatiques dans les moindres détails et fait naître une
inoubliable série de personnages drôles et inquiétants, dépassés par
l'absurdité de leur situation. Paul Poiret a dessiné ses textes, son illustrateur
en raconte les histoires. Entre SMS et bande dessinée, c'est
dans un tel livre que toute une famille aura appris à lire.»
Christian Auscher