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Contrées du corps natal est né d'un besoin que j'ai ressenti d'une manière
imprévue : écrire sur les deux bourgs géographiquement éloignés l'un
de l'autre dont mes lignées paternelle et maternelle sont originaires, l'un,
Desvres, dans le Pas de Calais, l'autre, Aubin, dans l'Aveyron. Mes cellules
tiennent de l'un et de l'autre côté. En elles, sont donc fondues deux
longues histoires différentes. J'ai cherché ces histoires, heureusement
rapportées par des érudits locaux et dans les archives, et je ne les ai nullement
altérées pour l'essentiel. Mais elles sont prises ici par le mouvement
du désir, et par un questionnement qui ne porte pas tant sur ma vie
que sur l'énigme que représentent toutes ces vies, toutes les vies, si passagères
et si précieuses. Aussi n'est-il sans doute pas bien étonnant que,
dans le temps même où j'écrivais sur ces pays qui me sont chers, je me sois
sentie comme en alerte, et plus violemment que jamais, à propos de l'état
du monde actuel. Que j'aie remis à l'éditeur, à la fin de l'année 1998, La
Paix Saignée précédé de Contrées du corps natal ne laisse pourtant pas
de susciter quelque interrogation. Rien ne permettait alors de présager
les violences qui ont désolé le printemps de 1999. Peut-être le courant de
la poésie entraîne-t-il, autant que vers le temps passé, vers un «passage
en avant» ? Ces deux mouvements, en tout cas, ont été simultanés. Le
second se traduit le plus souvent par des suites assez longues, formées
chacune de courts poèmes ; le premier, quelquefois aux portes de la chronique,
se transforme périodiquement en proses poétiques et en poèmes.