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C'est au début des années 1690 que le voeu d'Idoménée reparut en France sur la scène des jésuites, précédant de peu le Télémaque de Fénelon, qui devait assurer à lui seul la reviviscence de ce mythe. Alors qu'il n'est le plus souvent resté de ces pièces de collège que le programme des représentations, la Bibliothèque municipale de Grenoble possède dans ses collections le manuscrit d'un Idoménée représenté au collège de la Trinité de Lyon en juin 1700, et qui est peut-être la plus ancienne oeuvre dramatique conservée sur le sujet.
Composée en français par le P. François Paulin, professeur de rhétorique, cette tragédie oubliée est remarquable à plus d'un titre. Précédant de plusieurs années la tragédie homonyme de Crébillon, et au-delà de l'influence du Télémaque alors dans sa nouveauté, elle s'inscrit à la fois dans le cadre particulier des cérémonies du collège lyonnais, dans l'héritage de la tragédie racinienne et dans la méditation chrétienne sur un mythe qui, dans sa violence archaïque, soulevait d'importantes difficultés morales et religieuses. Comme tel, cet Idoménée offre un précieux témoignage de la dramaturgie et de l'esprit du théâtre jésuite, à l'aube d'un siècle où l'Idomeneo de Varesco et Mozart, en 1781, allait couronner la splendeur théâtrale de cette fable du sacrifice.
