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D'André Lebon (1859-1938), on pourrait dire qu'il a enchaîné plusieurs carrières qui toutes l'ont conduit aux plus hautes responsabilités.
Cet intellectuel renommé, professeur à l'Ecole libre des sciences politiques, emporte le siège de député de Parthenay en 1893 puis obtient successivement les portefeuilles du Commerce et des Colonies. Il s'oriente ensuite nettement vers les affaires et s'impose à la tête des plus beaux fleurons du capitalisme français : Crédit Foncier de France, Messageries Maritimes, Crédit Foncier d'Algérie et de Tunisie, Compagnie du Canal de Suez, Air France, Compagnie du Paris-Lyon-Méditerranée.
De l'obsession de la revanche contre l'Allemagne jusqu'à la dénonciation des «200 familles» au temps du Front populaire, en passant par l'Affaire Dreyfus ou l'épopée coloniale française, sa vie ne cesse d'épouser les grandes phases de l'histoire nationale. Après avoir été l'un des plus jeunes ministres de la Troisième République, il devient un homme d'affaires d'envergure internationale. Patriote avant toute chose, il œuvre sa vie durant pour étendre l'influence de la France, particulièrement dans le Bassin méditerranéen. Précurseur du regroupement de l'ensemble du monde patronal avec la création, dès 1903, de la vaste Fédération des Industriels et des Commerçants Français, il exerce son influence à l'interface de plusieurs mondes.
André Lebon apparaît ainsi comme un bel exemple de dirigeant à la française, conciliant dans ses objectifs les logiques économiques et diplomatiques, syndicales et politiques, dont il transcende les limites habituelles.
