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Paris, ville mondiale, ville magique. En 1799 déjà, Louis-Sébastien
Mercier dit de la ville qu'elle «fixe éternellement les regards du
monde entier». Au siècle suivant, Victor Hugo en fait le «point
vélique de la civilisation», amalgamant dans son unité l'histoire des
trois cités éternelles, Jérusalem, Athènes et Rome.
À Paris, tout est histoire. Les «petits vivants» y vivent «à l'abri des grands
morts et des grands monuments». Chacun, habitant de longue date ou étranger
fraîchement débarqué, s'y définit par rapport à l'espace et aux monuments :
«J'habite à deux pas du Panthéon, en face de la tour Eiffel, près de l'École militaire.»
Rien de figé, pourtant, dans cette ville dont la continuité changeante
a connu les projets d'aménagement les plus étonnants. Et si Napoléon avait
construit l'Arc de triomphe place de la Bastille ? si l'esplanade des Invalides
était devenue cimetière national ? si Perret ou Le Corbusier avaient couvert le
centre de gratte-ciel ? si, comme l'imaginaient les surréalistes, l'obélisque de la
Concorde s'était retrouvé devant les abattoirs de La Villette (Breton) ou délicatement
inséré dans la flèche de la Sainte-Chapelle (Éluard) ?
Car la ville réelle fut aussi, et d'abord, une ville rêvée. De 1750 à 1940, Paris
fut la capitale mythique du monde : capitale de la république des lettres, de la
Révolution, des sciences, du crime, des plaisirs de la chair et de la chère, de
l'opéra et de l'opérette, de la modernité industrielle, des lettres américaines, de
la négritude, du surréalisme... et, mythe ultime, capitale des arts. Patrice
Higonnet propose ici un fascinant parcours à travers ces mythes et ces fantasmagories
qui ont habité l'imaginaire des étrangers, des Français, et des
Parisiens eux-mêmes. Il en retrace l'essor, l'évolution et le déclin. Si Paris
aujourd'hui n'est plus la capitale du monde, il demeure la ville européenne par
excellence et le coeur, démythifié mais universellement chéri, de la nostalgie
mondialisée.