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Joyce relisait ce livre chaque fois qu'il souhaitait s'empêcher de
dormir. Un roman noir tout ce qu'il y a de classique en apparence (Le
Fanu fut dans ce registre le seul rival de Wilkie Collins), mais ficelé à
l'irlandaise, c'est-à-dire sans marchander sur les ingrédients
indispensables : le whiskey, la mort violente... et le surnaturel.
Quelques messieurs plus ou moins distingués aiment à se réunir le soir
au club, dans une bourgade des environs de Dublin, pour dire tout le
mal qu'ils souhaitent au monde et tout le bien qu'ils pensent d'eux-mêmes...
jusqu'au jour où ils se retrouvent avec un quasi-cadavre sur
les bras.
Un thriller particulièrement retors, qui met en scène un fait divers
faussement banal pour nous rendre complices du pire ; en nous invitant
à nous poser la seule question qui compte : «Comment tuer le temps ?»
Que la bonne société victorienne en profite au passage pour se faire
déculotter et fesser d'importance ne saurait nuire, on s'en doute, à
notre plaisir. Mais Le Fanu a encore d'autres surprises dans son
terrible sac - qu'il n'est bien sûr pas question de révéler ici.
Qu'un tel roman - nous voulons dire d'une si violente modernité - n'ait
jamais été traduit en français à ce jour est à la fois consternant et
rassurant : il nous reste encore, eh oui (Elizabeth Bowen, préfacière du
livre, s'en félicite avec nous), quelques vrais grands textes à découvrir !
Qui oserait s'en plaindre ? ...