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Cette étude examine l'écriture des nouvelles de Thomas
Hardy. Elle montre que celle-ci n'est pas tant différente de celle
des romans que plus libre d'utiliser, voire de détourner, les attendus
du public et des maisons d'édition afin d'encoder une subversivité
qui ne peut s'écrire ouvertement.
Ainsi l'écriture est-elle polyphonique au premier abord en ce
qu'elle fait entendre une pluralité de voix parmi lesquelles celle
du narrateur, qui ne domine pas. Cette économie textuelle dessine
une idéologie de l'égalité s'opposant à l'idéologie de séparation
des classes que suggérerait un narrateur omniscient et seul
maître de la narration (le narrateur-type des romans de la
période ainsi que de ceux de l'auteur). Curieusement cependant,
la voix du narrateur rompt ça et là avec cette discrétion et se
manifeste au point de laisser penser que l'écriture des nouvelles
repose sur une ambivalence, celle générée par deux tensions irrésolues
: le désir d'enfreindre les codes et de ne pas faire du narrateur
une figure de pouvoir (Figure du Père), et celui mû par un
retour du refoulé habitant un bourgeois misogyne et arriviste.
Chacune des manifestations du narrateur invalide cependant
cette interprétation. Le lecteur est bien plutôt invité à voir dans
ces manifestations (autant de saillances narratives) la marque
dans son texte d'un auteur révolté de devoir céder la paternité de
ce dernier aux éditeurs prompts à censurer les passages jugés
indignes d'un public respectable. La conformité apparente des
textes, leur facture classique et traditionnelle, sont ainsi un
habillage nécessairement conventionnel qui recouvre leur dimension
iconoclaste et contestataire.
Les nouvelles apparaissent au final comme une part légitime
de l'oeuvre, un détour indispensable pour comprendre l'écriture
de l'auteur, et un trait d'union entre les romans et les poèmes.