Ulteriori informazioni
Qui étaient les précieuses au XVIIe siècle, et furent-elles aussi ridicules que l'abbé
de Pure, Molière, Boileau et quelques autres le prétendirent ? La préciosité n'est-elle
qu'un mythe critique tardif ou le terme peut-il caractériser, dans les espaces désormais
mieux connus de la «belle et honnête galanterie», une posture plus spécifiquement
féminine ?
Appuyée sur la floraison de textes qui mettent les précieuses à la mode après la
Fronde, l'enquête historique permet de dessiner la nébuleuse des filles et des femmes,
ici répertoriées, qui s'attirèrent ce qualificatif ambigu. Au rôle politique et social que
jouent, à la cour et à la ville, leurs cercles enchevêtrés et parfois rivaux, s'ajoutent des
ambitions féminines croissantes dans la conquête du Parnasse : c'est assez pour
déchaîner de joyeuses mais prudentes saturnales, qui mêlent aux crayons persifleurs
les traits plus grossiers d'un caractère rapidement figé.
Si la galanterie désigne l'idéal esthétique et moral de la société mondaine, les
précieuses y apportent néanmoins une inflexion particulière : «galantes sans aimer les
galants», elles restent attachées, malgré son discrédit croissant, à l'idéal courtois d'un
façonnage de l'élan passionnel par la conversation raffinée, sous l'égide des femmes
et sous le regard de Dieu. Mais qui, des femmes, des auteurs ou du roi, peut se dire
maître de ce bel usage qui fait de la création langagière un procès de civilisation ?
Tôt réduite à celle de leur prétendu «jargon», la satire des précieuses pointe
l'enjeu des luttes, éclatantes ou sourdes, qui accompagnèrent la naissance de la littérature.
Dernières Dames et premières femmes de lettres, les précieuses nous invitent à
en interroger la définition, les institutions et les valeurs.