Ulteriori informazioni
Le soulèvement des Grecs contre la domination ottomane en 1821 a suscité
dans la plus grande partie de l'Europe et aux États-Unis un mouvement
de solidarité d'une ampleur sans précédent : un peu partout des comités se
sont formés ; des souscriptions, des concerts de soutien ont été organisés ; en
grand nombre, des poèmes, des images ont exalté la Grèce combattante.
Replacer ce mouvement, le philhellénisme, dans le contexte des différents
pays de l'Europe des Restaurations et de l'Amérique du nord, en mesurer
l'étendue, en explorer les voies, tel est l'objet de ce livre. On y montre en
particulier comment une cause foncièrement politique - l'indépendance de
la Grèce - a mobilisé les ressorts de la religion, de la philanthropie et de la
culture, comment on a pu voir dans les insurgés grecs tout ensemble des
opprimés se libérant des chaînes du despotisme, des chrétiens défendant
leur foi, des êtres humains luttant pour survivre et, ce qui n'était pas le
moindre, les descendants des Grecs de l'Antiquité recouvrant leur héritage.
Pour leur venir en aide, dynamique collective et enthousiasmes individuels
se sont mutuellement nourris. La plupart n'ont fait que donner avec
plus ou moins de générosité de leur argent ou de leur temps, que mettre au
service de cette cause leur notoriété ou leur talent. Simple geste fugitif souvent,
ce soutien à distance a pu quand même s'inscrire de façon significative
dans certains parcours biographiques comme ceux de Benjamin Constant et
de Jeremy Bentham, de Sismondi et de Claude Fauriel, de Chateaubriand et
de Victor Hugo, ou encore de Louis-Philippe et de Jean-Gabriel Eynard. En
bien plus petit nombre, d'autres, qui étaient loin d'avoir tous la notoriété
d'un Byron, d'un Santarosa, d'un Fabvier ou d'un Cochrane, ont voulu - par
dévouement militant, par désir d'aventure - participer directement à ce
combat. L'expérience a été rude, beaucoup y ont même laissé la vie, peu ont
échappé à la déception devant une réalité grecque bien éloignée de l'image
qu'ils s'en étaient faite et où ils peinaient à trouver leur place.
Expériences décevantes, mouvement enthousiaste. Le contraste est
emblématique du romantisme qui a imprégné cette figure précoce d'un phénomène
caractéristique de notre modernité, dont les avatars, depuis, ont été
multiples : la volonté d'agir dans l'histoire, en personne et à l'échelle du
monde.