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Voici un écrivain d'une exceptionnelle fécondité : Jacques
Laurent (1919-2000). Il convient de lui rendre la place de premier
plan qui fut la sienne dans l'histoire littéraire de la seconde moitié
du XXe siècle en France. Initialement affilié au groupe des
«Hussards», à la jeune droite littéraire des années cinquante,
comme Roger Nimier, Antoine Blondin et Michel Déon, Jacques
Laurent est un polygraphe controversé, subversif et libertin.
Polémiste virulent, il s'engage contre l'«engagement» sartrien et
promeut une esthétique anarchisante de la singularisation de soi.
Son oeuvre dessine un relief composite de pratiques textuelles. Elle
témoigne de la multiplicité intérieure du «je» auctorial comme de
la diversité de sa production romanesque et de ses registres. Qu'il
publie à visage découvert ou sous le masque de Cecil Saint-Laurent,
l'écrivain explore toutes les virtualités d'un genre plastique
et polymorphe, instance hasardeuse et mobile, depuis le récit
populaire d'aventures historiques et érotiques jusqu'au roman formellement
exigeant et élaboré. Ainsi la poétique de Jacques
Laurent se déploie-t-elle selon la dynamique métamorphique du
travestissement. Hostile à la normativité, aux prescriptions et aux
proscriptions théoriques, elle fait de l'écriture l'expérience imprévisible
et déviante de la perversion des formes narratives. Elle tend
à s'émanciper de la mimésis au profit d'une narration spéculaire et
autoréflexive qui ne cesse de problématiser son propre statut entre
néo-classicisme et modernité critique.