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On connaît ou on croit bien connaître le Guez de Balzac « classique », le théoricien de l'urbanité, critique littéraire proche des milieux mondains parisiens des années 1640-1650. En revanche, sa première oeuvre, les Lettres, publiées en 1624, et les remous qu'elle a suscités sont restés peu explorés, obscurcis par l'enchevêtrement des conflits, dissous dans une série d'anecdotes sans réel intérêt. Qu'est-ce exactement que cet événement consacré par l'histoire littéraire sous le nom de « querelle des Lettres » ?
Usant d'une écriture raffinée et souvent équivoque, fourmillant d'allusions à l'actualité politique et mondaine, le recueil des Lettres est conçu pour éveiller la curiosité d'un public large et rencontre un vif succès. Aux applaudissements succède pourtant le scandale : Balzac est accusé de libertinage, condamné au nom d'une économie du discours où le culte du « bien dire » et la recherche de nouvelles formes sont preuves de déviance. Mais la querelle s'emballe et nourrit une dynamique d'écriture et de publication importante. Cette dynamique est l'objet de ce livre : elle donne l'occasion, rare pour les siècles anciens, de saisir un livre en le confrontant à l'effet qu'il a eu sur ses premiers lecteurs, aux interprétations, complexes et contradictoires, qu'il a suscitées. Au-delà de l'étude d'une oeuvre ou d'un auteur, la polémique donne un accès à certaines des opérations à l'oeuvre dans la perception des écrits, à une époque où se mettent en place, non sans conflit, les cadres symboliques et sociaux qui régleront, sur le long terme, le monde du livre en France.