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Les contemporains de Pascal étaient unanimes à célébrer sa
«merveilleuse» maîtrise de la «vraie rhétorique» ou de la «véritable
éloquence». Or évoquant à son tour l'«éloquence naturelle» de son
frère, Gilberte Pascal mentionnait pour sa part l'existence de
«règles dont on ne s'était point encore avisé», et dont Pascal «se
servait si avantageusement qu'il était maître de son style». Mais
quelles étaient donc ces règles, auxquelles renvoyait si allusivement
Gilberte ? Et selon quelles modalités concrètes «la vraie éloquence»
pascalienne se moquait-elle, dans les faits, de l'éloquence ? Cette
étude s'emploie précisément à répondre à ces deux questions.
Fondée sur un examen systématique des manuscrits des Pensées,
elle confronte la théorie de l'éloquence de Pascal à sa praxis
d'écrivain et s'emploie à embrasser dans la cohérence d'un même
point de vue rhétorique les différents enjeux de l'apologie en devenir.
Elle montre ainsi comment s'articulent dans les Pensées une
éloquence du coeur et du fléchir épousant le mouvement de la
parole prophétique ; et une éloquence de la nature recherchant un
équilibre ténu entre raison et volonté, vérité et plaisir, et instrumentalisant
les traits séduisants de la rhétorique conversationnelle
de l'honnête homme en les réassumant d'un point de vue chrétien.
Surtout, elle met en évidence la manière dont, ne pouvant prétendre
convertir son lecteur, le dispositif apologétique pascalien vise
à le persuader qu'il n'est du moins pas absurde de croire, et à le
contraindre enfin à un état proche de la prière, en tenant son coeur
préparé, tout le temps de la lecture, à une éventuelle descente de la
grâce.