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La vingtaine de chansons de geste consacrée aux héros de Narbonne gravitant autour du plus célèbre d'entre eux, Guillaume d'Orange, a été organisée par divers ateliers de copistes en cycles cohérents et plus ou moins étendus. Au terme de ce processus, un prosateur anonyme a réuni treize chansons du cycle en un ensemble volumineux mais très construit et très équilibré.
Le tome I de la présente édition rassemblait les chapitres I-LVII, qui mettent en scène la fondation du lignage de Narbonne par Aymery, la dispersion de ses fils et les premiers exploits de Guillaume. Les chapitres suivants voient apparaître aux côtés du héros principal les hautes figures de Vivien et Renouart. La mort pathétique du premier, les exploits joyeusement gigantesques du second apportent au récit des accents nouveaux. L'ensemble s'achève avec les derniers jours de Guillaume : moine d'abord, puis ermite, le héros, resté foncièrement guerrier, affrontera encore par deux fois les forces païennes, et finalement le diable lui-même, symbole des ennemis de Dieu qu'il a combattus toute sa vie.
Parmi les très nombreuses mises en prose de la période bourguignonne, celle-ci fait assurément bonne figure, tant pour la discrétion du narrateur, qui entend rester fidèle au récit de ses sources, que pour la qualité de la langue. Pourtant, elle n'est conservée que par deux copies du XVe et n'a fait l'objet d'aucune impression ancienne. Cette éclipse trop rapide est sans doute accidentelle : le commanditaire de ces deux copies, Jacques de Nemours, fut mis à mort en 1477 et ses biens confisqués ; les volumes de sa librairie entrèrent dans des bibliothèques privées.
