Ulteriori informazioni
Vanitas vanitatum et omnia vanitas : comment faire entendre ces
paroles de l'Ecclésiaste ? Parce qu'elles nous imposent de prendre
conscience de notre misérable condition, de la vacuité de nos attachements,
de nos biens et de nos oeuvres, comment les supporter ?
D'autant que l'expression de la vanité est paradoxale, puisqu'elle est à
la fois un objet du discours et un principe qui en remet en cause les
fondements : si tout est vain, que reste-t-il à dire, et comment le dire ?
Au XVIIe siècle, les prédicateurs trouvèrent les moyens d'exprimer la
vanité des hommes en la replaçant dans la perspective du Salut et en
fondant leurs paroles sur l'autorité du texte biblique. Mais tous les
autres, ceux qui ne parlaient pas au nom de l'Église, comment la
dirent-ils ? C'est ce que les Vanités, petites natures mortes au crâne
nées avec le siècle, nous apprennent peut-être : ces peintures obligent
en effet le spectateur à se regarder misérable en dehors de toute référence
explicite au Salut, tout en suscitant son admiration par leur virtuosité.
Ce tour de force n'est pas propre à la peinture, et on le
retrouve dans la première partie des Pensées, où Pascal parvient, sans
recourir aux arguments d'autorité, à forcer ses lecteurs à contempler
leur misère. Les Vanités et les Pensées signalent ainsi l'existence d'un
singulier lieu d'expression de la vanité, où celle-ci est affrontée d'un
point de vue strictement humain.
Il y aurait donc, à l'âge classique, plusieurs manières de dire la
vanité, et ce livre propose de les distinguer en fonction des stratégies
qu'elles supposent : du côté des discours religieux, des textes qui intègrent
la vanité dans une économie du salut et permettent ainsi de la
dépasser ; du côté des discours funèbres, des textes qui la conjurent par
l'artifice mais ne l'annulent pas ; du côté des discours familiers, des
textes qui révèlent une impuissance et une angoisse humaines devant
la vanité