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La critique littéraire occupe dans l'oeuvre bloyenne une place beaucoup plus importante qu'il n'y paraît au premier abord. Bloy y a consacré l'essentiel de son travail pendant les vingt premières années de sa carrière littéraire, de 1874 à 1894. Les deux principaux recueils d'articles publiés par Bloy correspondent à deux périodes distinctes. Les Propos d'un entrepreneur de démolitions sont encore une oeuvre de jeunesse. Ce livre est un jalon dans la formation de l'écrivain, qui n'atteint sa maturité qu'avec Le Désespéré (1887). Bloy décide ensuite de se consacrer à un autre ouvrage critique, beaucoup plus ambitieux, qui doit lui permettre de s'imposer définitivement parmi les avant-gardes littéraires. L'examen des brouillons de ce livre révèle l'ampleur du projet. Bloy consacre plusieurs années à l'élaboration de Belluaires et Porchers, sans pouvoir achever cette somme de sa réflexion sur la littérature. Progressivement, sa solitude dans le monde des lettres s'accroît. À mesure qu'il s'éloigne des préoccupations artistiques de ses contemporains, Bloy se désintéresse de la critique. En 1894, il abandonne son second recueil dans un état d'inachèvement définitif et cherche à le faire publier, mais tous les éditeurs le refuseront jusqu'en 1905. L'étude des textes critiques de Bloy et des circonstances qui ont entouré leur composition modifie l'image de cet écrivain, qui a pris une part active aux débats esthétiques de son époque. Derrière les simplifications de la polémique, Bloy s'avère un commentateur subtil, qui analyse avec perspicacité les personnalités et les courants littéraires. Non seulement la connaissance des textes critiques de Bloy éclaire sa propre personnalité, mais elle apporte une vision originale de la littérature française à la fin du XIXe siècle.
