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"Quand le moment viendra, tu diras que les souvenirs imités
sont plus nombreux que les originaux. Que le poème préfère
simuler le désir, et qu'avec une drogue de jeunesse il dupe la
langue, rarement gratifiée d'une érection authentique. Tu diras
qu'un travail accompli demande du temps avant qu'on ne découvre
qu'il s'agit d'un faux, et que c'est le pari du poème.
Quand viendra le moment, tu diras qu'on ne peut pas faire le
tri dans une mémoire contaminée, et qu'il sera difficile d'en
extraire les mouches. Tu diras que les viscères s'enchevêtrent à
l'intérieur, et qu'on ne voit pas bien à de telles profondeurs.
L'expérience brûle là-bas dans une fumée noire, le reste se
transforme en bêtise rose, et l'on ne voit pas bien à de telles
profondeurs."
Les poèmes réunis dans ce livre sont extraits des deux derniers
recueils d'Abbas Beydoun. Ils se situent délibérément au
croisement de plusieurs langages appartenant à différents genres
littéraires ou artistiques : la prose journalistique s'y mêle aux
concepts de la philosophie, le narratif au lyrique, les procédés
littéraires aux techniques des arts visuels, de la peinture au cinéma.
Considérant que la poésie n'existe pas par elle-même,
mais comme poétisation de ce qui ne ressort pas d'ordinaire du
langage poétique, Abbas Beydoun "tord le cou" à l'éloquence
arabe traditionnelle pour inventer une nouvelle écriture. Et
celle-ci n'est pas sans rappeler parfois certaines expériences
plastiques européennes et américaines d'avant-garde.