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Né le 4 décembre 1899 à Tunis et décédé le 7 décembre 1935, Tahar Haddad est un penseur, un syndicaliste et un homme politique tunisien de premier plan.
Comme militant syndical de la première heure, il a participé en 1924, avec Mohamed Ali El Hammi et d'autres syndicalistes, à la fondation de l'Association de coopération économique ainsi qu'à la mise en place de la Confédération générale des travailleurs tunisiens (CGTT). Dans son livre, Les travailleurs tunisiens, dont des extraits sont repris dans le présent fascicule, il expose les combats qui y ont conduit et leurs objectifs.
Précurseur et féministe avant la lettre, proposant une lecture éclairante de l'islam dont il était un adepte convaincu, il a par ailleurs ardemment milité pour l'évolution de la société tunisienne au début du XXe siècle. Son ouvrage le plus célèbre, Notre femme dans la législation islamique et la société, paru en 1930 et dont des extraits sont également reproduits ici, constitua un tournant dans la perception qu'avait la société tunisienne de la femme et de la condition qui était la sienne. Cette publication lui valut oppositions virulentes, critiques acerbes et haines farouches des milieux conservateurs de l'Université religieuse de la Zitouna. Bien que soutenu par une minorité de progressistes, son esprit moderniste lui coûta alors dénigrement, réclusion et ostracisme par les élites du pays, jusqu'à sa mort dans une extrême pauvreté.
Plus de 80 ans plus tard, les milieux réactionnaires continuent à lui vouer une hostilité infinie : en mai 2012, en pleine période de confrontation politique en Tunisie, la presse révéla que sa tombe avait été profanée... Mais ses positions sont aujourd'hui plus que jamais au centre des débats dans le pays, notamment sur l'égalité entre les sexes. La Commission des Libertés individuelles et de l'Égalité (la Colibe) a été créée à cet effet.
