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Cette première étude d'ensemble de l'oeuvre
de traducteur du poète italien Giuseppe
Ungaretti est aussi une réflexion sur les
conditions de possibilité de la traduction
poétique. Giuseppe Ungaretti, né en 1888, mort en 1970,
poète majeur du XXe siècle italien, a traduit l'Après-midi
d'un Faune de Mallarmé, Phèdre de Racine, Anabase
de Saint-John Perse, mais également Shakespeare
et Blake, Góngora et des poètes brésiliens. Toutes ces
traductions n'ont pas le même statut : si parfois Ungaretti
propose la première version italienne d'un poète étranger,
dans le cas de Mallarmé, déjà traduit à plusieurs reprises,
sa traduction, publiée en 1948, est le révélateur et
l'aboutissement de sa propre réflexion sur le langage
et la poésie. Dès lors, si son oeuvre poétique se développe
sur la ligne austère de la réactivation de mythes classiques,
la traduction de textes populaires et de poètes d'avant-garde
brésiliens, de poèmes de Rimbaud, de textes isolés
de ses amis français (Frénaud, Ponge, Michaux) ou de
passages de l'Odyssée indique chez lui une voie orphique
souterraine. La pratique de la traduction est pour Ungaretti
l'autre de la pratique poétique, travail sur la mémoire
littéraire à laquelle il restitue l'innocence de la création.