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Depuis que l'homme s'est avisé d'inventer la roue et de creuser
un tronc pour en faire une pirogue... Sans la boussole
inventée en Chine, sans la science cartographique, sans celle
des courants et des vents perfectionnées par le Portugal au XVe siècle, sans
la compétition savante entre l'Angleterre et la France au XVIIIe siècle pour
construire l'artefact chargé de calculer exactement la longitude, sans la
vapeur, sans l'automobile, sans l'avion, les voyages ne seraient que stériles
et plates répétitions du déjà-vu...
De la Terre australe et de ses mythes annexes comme le voyage au
centre de la terre aux Alpes zurichoises et à la vallée de Chamonix, le
monde est parcouru par les savants autant que par les aventuriers. Ce
sont parfois les mêmes. Mais le savant se distingue de l'aventurier en
publiant une relation, dont les principales fonctions - délimiter un savoir,
en exclure les concurrents, constituer un argumentaire pour de futures
conquêtes - participent à l'usage détourné de la science.
L'accent est mis, dans la deuxième partie de cet ouvrage, sur les «époques
de la nature» qui conduisirent les savants suisses de la science minéralogique
traditionnelle et utilitaire - celle des mines et des métaux - à la
science géologique où l'on s'interrogeait in vivo sur les traces laissées dans
les replis de la nature alpestre par une création assez mystérieuse...