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Un classique oublié (1900) du roman de la Belle Époque, qui dresse un
portrait pur vitriol de ladite époque : à la fois éducation sentimentale
d'un enfant du siècle nouveau - au rebours de tout bon sentiment -,
petit précis de l'anarchisme par l'exemple, et récusation sans appel
d'un monde qui à bien des égards annonce le nôtre.
Pour le héros de cette histoire bousculée par un double désir - celui du
sexe et celui de la justice humaine -, deux fléaux rendent ce monde
invivable (entendez invivable pour les esprits libres) : l'ordre bourgeois
qui a inventé le progrès à tout prix, c'est-à-dire l'exploitation de
l'individu au nom de la rentabilité ; et la dictature des foules, ce
troupeau gavé de sottises qui a sacrifié l'indépendance de l'esprit sur
l'autel de la peur, et qui n'attend plus que d'obéir sans moufter aux
ordres «vertueux» du premier garde-chiourme venu... Dirait-on pas
l'anticipation du méchant siècle qui vient de s'achever - pour ne rien
dire de celui qui vient de commencer ?
Pour ce qui est de l'audace et du style - l'un et l'autre d'une modernité
soufflante -, Avec le feu est sans doute le seul roman de l'époque qui
puisse se comparer au Voleur de Darien.