Read more
Le rite, par la transcendance qu'il manifeste et la pérennité
apparente de son déroulement, semble particulièrement
adapté à l'analyse des sociétés occidentales d'Ancien Régime
dont les normes et les coutumes judiciaires, en particulier,
reposaient sur un ensemble de gestes et de paroles codifiés,
mêlant les domaines sacré et profane.
Objets d'un renouveau historiographique récent, les rituels
sont désormais perçus par les historiens tout à la fois comme
un outil de restauration du lien social et comme une forme du
langage politique. Les études réunies dans ce volume, fruit de
la collaboration d'historiens médiévistes et modernistes pour
la plupart spécialistes de l'Italie pré-moderne, invitent ainsi
le lecteur à porter la réflexion sur le terrain plus politique de
l'affirmation de la souveraineté ; en allant au-delà des idées
reçues sur le caractère terrifiant des rituels judiciaires, en
tissant des comparaisons avec le royaume de France, du bas
Moyen Âge jusqu'à la Révolution, elles montrent comment,
à partir de la fin de l'époque médiévale, rituel et discours
politique s'épaulent l'un l'autre et contribuent à la fabrique du
consensus sur lequel repose l'acte de gouvernement. Le rituel,
loin de perdre de son importance, se transforme alors en un
langage politique efficace qui offre au Prince les moyens de
«négocier» l'exercice de son autorité.