Read more
Ce livre met en lumière un épisode peu connu des années d'enseignement
de Gurdjieff en France : la constitution, en 1935,
du groupe Rive Gauche de la Cordée composé uniquement de
femmes, toutes lesbiennes (sauf une), qui s'étaient distinguées
dans les milieux intellectuels et artistiques de l'entre-deux-guerres.
Le groupe tirait son nom de l'entraide qu'elles devaient mutuellement
s'apporter et comptait parmi ses membres plusieurs
Américaines : Margaret Anderson et Jane Heap, coéditrices de la
Little Review, revue avant-gardiste créée en 1914 à Chicago,
Kathryn Hulme, écrivain renommée, Solita Solano, également
auteur, éditeur et compagne de Janet Flanner, journaliste au New
Yorker ; et, enfin, Georgette Leblanc, diva, actrice et maîtresse
de Maurice Maeterlinck, ainsi que Dorothy Caruso, veuve du
célèbre ténor.
Que Gurdjieff, qui se montrait par ailleurs très réservé sur
l'homosexualité, ait accompagné pendant quatorze ans (jusqu'à
sa mort en 1949) un groupe de lesbiennes n'est pas le moindre
des paradoxes de cet énigmatique personnage. L'irruption de
Gurdjieff dans leur existence devait à jamais marquer le destin
des femmes de la Cordée. Dans quelle mesure ont-elles réussi à
intégrer, chacune à sa manière, ce qu'il leur avait transmis, c'est
au lecteur d'en juger puisque l'auteur suit leurs trajectoires respectives
après la disparition de Gurdjieff.
L'enquête qu'a menée William P. Patterson, notamment à
partir des journaux et de la correspondance de plusieurs d'entre
elles, ne manquera pas d'intéresser tous ceux qui se sentent concernés
par la Quatrième Voie, mais aussi par le cheminement de la
femme en général.