Read more
« Son nom fut autre... », affirme le rituel du Chevalier Kadosh, qui ajoute « et le même pourtant ». « Le Kadosh est le grade de l'action » est une de ces « idées reçues » qui évitent de trop réfléchir...
La difficulté provient de ce que, si chacun s'accorde à reconnaître
l'urgence d'agir, personne ne peut véritablement dire ce que doivent
être les objectifs poursuivis ou les moyens à mettre en oeuvre. À
bien y regarder, la devise maçonnique « Liberté, Égalité, Fraternité »
s'oppose absolument à l'imposition de « mots d'ordre »,
d'orientation, de « ligne », au sens où ce mot est employé par les
partis politiques, les syndicats ou d'autres associations, telles les
sectes. Je suis libre d'agir pour ce que je crois être le mieux, mes
Frères le sont aussi. Aucun d'entre nous ne peut contester le choix
de ses Frères. Plus, la fraternité nous impose de respecter ces choix
et de ne pas tenter de nous y opposer.
Autant dire que nous devons résoudre la quadrature du cercle...
Le Kadosh apparaît, nous semble-t-il, vers 1760. C'est alors un grade purement
chrétien, une paraphrase symbolique du Lévitique, construit autour d'une « échelle
mystique » comme il en existait déjà beaucoup dans la tradition chrétienne. L'action
qu'il proposait était de « faire son salut ». S'il en était resté là, gageons qu'il ferait,
aujourd'hui, partie de tous ces grades Écossais largement oubliés.
Mais le Kadosh a connu bien des avatars. Au cours de son histoire mouvementée,
nombreux ont été ceux qui ont voulu lui donner un objectif concret, venger l'Ordre
du Temple et récupérer ses trésors, soutenir la « philosophie » au sens politique
qu'entendaient les « Lumières », soutenir l'idéal républicain, laïc et anticlérical,
promouvoir, au nom de la Tradition, un gnosticisme dépassé... Si le malheur voulait
que ces hommes engagés dirigent, au moins en partie, l'Écossisme, ils réécrivaient
le rituel en fonction de leurs objectifs.
Il a fallu attendre les dernières décennies du XXe siècle pour que, sous l'impulsion
de Maçons éminents, le Chevalier Kadosh devienne un degré purement initiatique
et que le récipiendaire entende l'Éminent Commandeur lui dire :
« Allez dans le monde, seul, univers complet, responsable devant votre conscience,
riche de connaissance et d'amour. Nous n'avons pas de mot d'ordre à vous donner. »
C'est avec les lumières du passé que l'on éclaire les chemins de l'avenir...
Connaître l'histoire rituélique du Kadosh, comprendre comment et pourquoi ses
rituels ont été manipulés, c'est aussi se prémunir contre les tentatives, qui ne
manqueront pas de se produire, de détourner l'Ordre Écossais de sa véritable nature.