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Le 11 septembre 1973, au Chili, le gouvernement de Salvador Allende est renversé par un coup d'Etat militaire. Tandis que la répression se déchaîne contre toute personne soupçonnée d'avoir sympathisé pour le gouvernement d'Unidad popular, des mouvements de solidarité avec les persécutés se développent à l'extérieur du pays. En Suisse, la presse s'interroge sur l'attitude de l'ambassadeur helvétique à Santiago, accusé de fermer les portes aux personnes en danger. En même temps, un mouvement appelé Action places gratuites, fondé par un prêtre libertaire et dirigé plus tard par un pasteur réformé, lance un appel pour héberger des Chiliens. En quelques semaines, pas moins de 3000 places gratuites sont offertes par la population suisse.
D'abord passives face à cette mobilisation, les autorités fédérales s'y opposent de plus en plus fermement. L'élan humanitaire et idéaliste se mue alors en désobéissance civile : dans la surprise générale, le mouvement parvient à acheminer lui-même des persécutés en-deçà de l'Atlantique. C'est le début d'un long bras de fer entre l'Action places gratuites - appuyée par une partie considérable de la population - et Berne, qui refuse surtout d'être mise devant le fait accompli par ce
mouvement qui se revendique de la tradition humanitaire helvétique. A l'issue de ce bras de fer, plusieurs centaines de persécutés auront pu malgré tout trouver refuge en Suisse.
Le problème du Chili constitue néanmoins un tournant, après deux décennies marquées par l'accueil de milliers de persécutés Hongrois et Tchécoslovaques. Basée principalement sur des documents des Archives fédérales jusqu'à présent protégés, cette étude invite à découvrir une page encore peu explorée de l'histoire de la politique d'asile helvétique.
