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Selon un cliché vieux de plusieurs siècles, une identité essentiellement collective
aurait toujours prévalu dans l'Empire du Milieu, tandis que la conscience
individuelle aurait façonné, depuis les Grecs, le socle philosophique et
politique de l'Occident. Les études qui composent ce volume replacent cette
idée reçue dans l'histoire des représentations de l'individu, tant au pays de
Confucius que dans l'espace européen - ici limité à l'Europe francophone.
À travers la littérature, creuset majeur de la fabrication du Je, mais aussi à
travers la philosophie et la linguistique, des spécialistes européens et chinois
explorent les méandres historiques de cette notion d'individu dont les crises
et les paradoxes s'éclairent à la lumière d'une confrontation avec l'altérité
culturelle, chaque monde se réfléchissant au miroir de l'autre.
Une place particulière a notamment été réservée aux figures qui, des jésuites
du XVIIIe siècle à François Cheng en passant par Claudel, Segalen ou
Malraux, se sont employées à bâtir des ponts entre les deux civilisations
ou à illustrer leurs relations complexes et parfois ambiguës. Les enquêtes
réunies ici, consacrées non seulement à ces passeurs culturels mais aussi
à des auteurs a priori moins attendus et à des écrivains-voyageurs suisses,
contribuent à nuancer une opposition souvent trop simpliste entre l'individuel
et le collectif.