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Les récentes crises russo-ukrainiennes ont remis à l'ordre du jour la question de la sécurité
gazière de l'Union européenne. Aujourd'hui, celle-ci importe de Russie le quart de ses
besoins en gaz mais cette proportion pourrait doubler à l'avenir. En réalité, le problème
central ne tient pas à la menace d'une coupure d'approvisionnement mais à cette
dépendance inquiète qui s'installe dans les esprits, avec des pays européens divisés sur la
question. Il appartient donc à la Commission européenne de rechercher un consensus entre
les 27 États membres et de définir une politique apte à assurer sur le long terme la sécurité
gazière de l'Europe.
Ce rapport évalue les risques de tension entre l'offre et la demande, en tenant compte de la
renaissance de la puissance russe, mais aussi de la place croissante du gaz dans notre bilan
énergétique et des contraintes imposées par la lutte contre le changement climatique.
Il passe en revue les chantiers en cours et les solutions envisagées : la diversification des
sources d'approvisionnement, la multiplication des gazoducs, les interconnexions de
solidarité transeuropéennes, les stocks de sécurité, la promotion du gaz naturel liquéfié...
Il présente également, en annexe, les différentes formes institutionnelles que pourrait
prendre une centrale européenne d'achat de gaz autorisant la construction de nouvelles
voies d'accès.
Pour réduire le poids de la dépendance, l'Europe doit d'abord maîtriser sa consommation.
Surtout, elle doit forger des partenariats solides et équilibrés avec les pays fournisseurs,
la Russie et l'Afrique du Nord dans un premier temps, le Moyen-Orient ultérieurement.
Et plutôt que de mettre en doute la fiabilité de Gazprom, pour ses liens étroits avec l'État
russe, l'Europe doit se donner les moyens de parler d'une seule voix, et se doter
d'instruments d'action, quitte à privilégier la sécurité au détriment de la libre concurrence.
Mieux armée, elle passera alors «de la dépendance à l'interdépendance».
Ce rapport est le fruit des travaux du groupe présidé par Christian Stoffaës, mis en place par
le Centre d'analyse stratégique.