Read more
En réaction contre l'arianisme, le concile de Nicée (325) avait défini la
pleine divinité du Fils «consubstantiel au Père». Les turbulences provoquées
par la question trinitaire ne s'étaient pas encore calmées qu'un nouveau défi
fut lancé, cette fois-ci dans le domaine de la christologie. Apollinaire, évêque
de Laodicée en Syrie, se demandait comment s'effectue en Jésus-Christ
l'union entre le Logos, vrai Dieu, et l'humanité assumée au moment de
l'Incarnation. À cette question fort pertinente, Apollinaire apportait une
réponse nettement insuffisante. D'après lui, le Logos a assumé un corps et
une âme non douée de nous (raison), le Logos lui-même tenant lieu de nous.
Devant le succès de cette conception qui mutilait l'humanité du Christ, des
théologiens aussi éminents qu'Athanase et Grégoire de Nysse s'efforcèrent
d'éclaircir le débat dans un sens conforme à l'orthodoxie. La crise apollinariste
fut à l'origine d'un approfondissement décisif du mystère du Christ et
contribua à préparer la formule du concile de Chalcédoine (451), selon
laquelle Jésus-Christ est homme parfait et Dieu parfait, l'humanité et la divinité
se rencontrant en une seule personne.
Les textes que nous présentons ici en traduction française fournissent au
lecteur les principales pièces du dossier de cette crise :
Athanase, Lettre à Epictète
Pseudo-Athanase, De l'Incarnation contre Apollinaire
Grégoire de Nysse, Réfutation de l'Apodeixis d'Apollinaire