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La théologie chrétienne est devenue si variée et si enchevêtrée
qu'elle apparaît comme une forêt obscure. Osera-t-on encore s'y
aventurer ? L'esprit d'aventure est un esprit d'abréviation, de
concentration sur le mouvement épuré et sur la tension simplifiée. Il
ne s'empêtre pas dans les sédiments historiques, les drames de la
liberté, dans le jeu complexe de la volonté ferme et des nécessités de
la vie, des émotions et des habitudes dérobées, des inclinations
imperceptibles ou de la stratégie des censures. L'esprit d'aventure
donne l'audace de parler autrement de l'ineffable ; non seulement
de s'adresser à Dieu dans la prière, mais d'oser franchement parler
de lui, alors qu'il ne vient au concept qu'à partir d'une assurance
filiale confirmée, celle de l'Avent !
Aventure qui retrouve le consentement fraternel à la lumière et
aux étoiles sauvages, au souffle des vents, à l'eau des mers et des
fleuves, au feu des orages et des volcans, à la terre secouée et aux
îles. Aventure qui se risque à faire confiance à ceux qui frayent les
voix du verbe premier. Certes, l'aventure peut se montrer cruelle
comme l'enfance, jusque dans une certaine insouciance face à la
mort, la sienne et celle des autres. C'est un usage simple de la vie
qui rompt avec l'existence asservie à l'efficacité et à la procédure
sans exception décisive, et voit son accomplissement dans la charité
aventurière. Toutefois, pour que la théologie appartienne à l'aventure,
il faut qu'une telle audace devienne une expérience véritable,
une réception intérieure capable d'épouser son mouvement et sa tension,
mais sans prétendre tout épuiser de sa hardiesse inventive.