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En arabe, badaliya signifie «remplacement, échange avec un
soldat tiré au sort». Le mot désigne l'attitude qui consiste à se
mettre à la place de l'autre, à donner sa vie pour lui. Cette
offrande de soi pour ses frères en Islam, Louis Massignon (1883-1962)
en fit l'idéal de toute sa vie. Alors qu'il renaît à la foi chrétienne
en Orient, au cours d'un voyage d'études à Bagdad, le
célèbre orientaliste devint, en 1947, l'inspirateur d'une association
de prière aux dimensions internationales, la Badaliya, dont
il demeura, jusqu'à sa mort, l'infatigable animateur.
Les quinze lettres annuelles et les quatre-vingt-onze convocations
mensuelles de la Badaliya constituent autant d'invitations
à une véritable consécration qui ne soit pas évasion compassionnelle,
mais sommation d'incarnation dans l'actualité la plus
contemporaine. Le contexte dramatique de la décolonisation
exige des engagements en faveur d'une «paix sereine entre
chrétiens et musulmans», particulièrement en Orient et en
Afrique du Nord. Il fallait qu'un dialogue authentique puisse
enfin se construire, dans le respect de la «parole donnée». Les
membres de la Badaliya s'y consacrent dans «la prière, la charité,
la sanctification personnelle en vue du témoignage».
Diaire incomparable qui permet de suivre les événements et les
conflits de l'époque, mais aussi - génie de Massignon - de s'initier
à une lecture mystique de l'histoire, ces précieux documents
livrent quinze années d'une aventure spirituelle singulière.
Encadrés par une longue introduction présentant la genèse du
projet, dès 1912, et par des témoignages, ils permettent de saisir
la fécondité de cet «esprit de Badaliya». Aucun texte n'avait
encore permis de pénétrer aussi profondément au coeur même
de la spiritualité et des combats de Louis Massignon, qui
demeure, encore aujourd'hui, un maître pour notre temps.