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La troisième religion du monde est encore aujourd'hui mal
connue. Dès les années 1960, Alain Daniélou se fit l'interprète
à succès d'un hindouisme essentiellement polythéiste, du linga
comme phallus, et de Shiva comme dieu de l'extase. Mais ne se
démarquait-il pas ainsi des enseignements de Swâmî Karpâtrî
qu'il revendiquait comme maître ? Ne présentait-il pas à tort
ce grand sage comme le fondateur d'un parti politique ultra-nationaliste,
le Jana Sangh ? Et comment comprendre la façon
dont son livre célèbre Shiva et Dionysos utilise à son profit les
écrits de René Guénon ?
L'auteur de cet essai revisite l'héritage laissé par Alain Daniélou.
Il s'appuie non seulement sur l'oeuvre de l'orientaliste mais aussi
sur des traductions nouvelles, des documents inédits et des
recherches approfondies auprès des représentants autorisés de
la tradition hindoue. Avec précision et clarté, il raconte sa
découverte de l'hindouisme traditionnel. Il met en rapport la
spiritualité et l'interprétation qu'en donne Daniélou, l'hindouisme
orthodoxe et le fondamentalisme sanglant de l'«hindutva».
Il tente enfin de comprendre les implications à la fois
religieuses et politiques - inaperçues depuis un demi-siècle -
de la démarche d'Alain Daniélou : l'auteur du Polythéisme hindou
n'a-t-il pas développé une vision personnelle de la religion,
distancée du christianisme de sa mère et de son frère - mais
aussi de l'hindouisme orthodoxe - par un cheminement dans
un «shivaïsme ésotérique» cherchant à ranimer les cendres du
paganisme gréco-romain ?