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On connaît Frédéric Ozanam depuis sa béatification par Jean-Paul
II en 1997 et les nombreux ouvrages qui lui ont été consacrés.
Mais que sait-on vraiment de l'oeuvre qu'il a contribué à fonder ?
La petite conférence de charité réunit en 1833 une poignée d'étudiants
du Quartier latin, catholiques et romantiques, pour se soutenir
dans la prière et visiter les pauvres à domicile. À la veille de la
Commune (1871), la Société de Saint-Vincent-de-Paul était devenue
l'une des principales oeuvres du monde catholique. Elle compte
aujourd'hui 700 000 membres dans près de 150 pays.
Cet ouvrage éclaire les raisons de ce succès et entraîne le lecteur
sur les voies d'une histoire sociale du religieux. Il met en lumière,
par une rigoureuse prosopographie, les parcours types de plusieurs
centaines de catholiques sociaux. Entre le dévot du Grand Siècle et
le bénévole associatif contemporain, il y eut un temps pour
l'homme d'oeuvres, modèle d'engagement que la figure postérieure
du militant a injustement conduit à déconsidérer. L'auteur trace
ainsi les contours de la «voie vincentienne», mystique active qui
trouve le Christ dans la rencontre avec les pauvres et façonne
l'exercice d'un audacieux apostolat des laïcs. Il expose le tableau
des oeuvres charitables, en particulier à Paris où taudis et indigents
abondent, et leur évolution sous l'effet de l'hausmannisation de la
capitale sous le Second Empire. Une interprétation anthropologique
du «don charitable» peut enfin être tentée.
Il est une question, lancinante, qui traverse le livre : la charité n'est-elle
pas un moyen de refonder le lien social ? Figure de l'antimodernité,
elle est peut-être plus politique qu'il n'y paraît. Le débat
n'est pas clos.