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« La commissaire ne dit rien de plus. Elle traversa le groupe de personnes qui se pressaient devant la façade du magasin à moitié détruite. On avait attaqué la vitrine, qui était au sol, brisée. Des croix gammées s'étalaient sur les murs de part et d'autre de l'entrée. Martine connaissait bien le supermarché ; elle y était allée plusieurs fois et savait exactement quels produits y acheter. Elle connaissait tous les commerçants du quartier et n'en choisissait jamais un au détriment des autres. Et, au fond d'elle-même, elle savait que les habitants du quartier agissait de même. Ils achetaient des pistaches chez M. Haddad, des oeufs biologiques chez Naturalia, du thon naturel chez l'épicier juif et, une fois par semaine, il y avait une soirée chinoise chez Chen, le restaurant voisin. Quelque chose, cependant, n'avait pas fonctionné. Le système bien huilé qui avait permis la coexistence pacifique de plusieurs communautés semblait maintenant grincer. »
À la Villette, dans le 19e arrondissement de Paris, un acte de vandalisme dans un magasin juif et la mort d'un rabbin ont jeté le trouble entre les communautés du quartier. La commissaire de police, Martine Sebag, a suivi l'escalade de violence depuis le début : elle vit dans le quartier dont elle connaît bien l'histoire. Chargée de l'enquête, Martine sera amenée à se pencher sur le passé de son pays et de sa propre famille. Ce sera notamment le récit retrouvé du père de la jeune commissaire, un journal intime écrit par Benjamin Sebag quelques années avant sa mort, qui va dévoiler à sa fille l'expérience d'un expatrié algérien en France.
