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Hugo reste stratégique. Comme, sur un autre plan,
Humboldt et Saussure. Actualité paradoxale par rapport à
l'après-Mallarmé du post-surréalisme, aux mythes qui régissent
et idéologisent l'écriture actuellement. Stratégique, pour
la narrativité propre du poème, toujours à conquérir. Ce livre
cherche pourquoi et comment Hugo est moderne, non parce
qu'on peut en faire une lecture informée par des méthodes
récentes, mais parce que son écriture déborde toutes les réductions
idéologiques successives. L'étude porte sur l'écriture qui
fait Hugo, sa formation, ses systématicités : ainsi la mort par
l'eau (Léopoldine) préparée d'avance par l'écriture. Hugo,
laboratoire du travail l'un sur l'autre de la poétique et de
la politique, du langage et de l'histoire, par là reste actuel,
combattant, un révélateur idéologique. Ce qui fait que
Châtiments, par exemple, peut se montrer le sommet d'une
aventure : plus elle se politise, plus elle est poésie. Ou la prosodie
du Dernier jour d'un condamné. Ce livre n'est donc une
monographie qu'en apparence. On n'a étudié ni le vers, ni le
récit chez Hugo. Mais, du rythme et de la prosodie aux champs
métaphoriques, pris non comme des niveaux mais comme un
seul mode de signifier, on a cherché, à travers un concret
exemplaire, ce que fait le travail d'écrire, cette activité d'un
sujet dans une histoire. Aussi l'analyse a-t-elle seulement pu
situer sa propre stratégie par Le Signe et le poème et par
Poésie sans réponse, pour ce qui touche aux questions qu'elle
pose, en se fondant sur Pour la poétique I, II, III pour ce qui
tient l'une par l'autre la théorie et la pratique. En quoi Écrire
Hugo est en même temps une préparation et une étape d'une
recherche en cours sur l'interaction du langage et de l'histoire.