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La cause semble entendue : le krach financier d'octobre 2008
incombe aux crédits hypothécaires du marché immobilier américain,
les fameux subprimes. En réalité, comme l'expliquent dans ce livre
lumineux deux éminents spécialistes de la finance internationale,
les racines du mal sont beaucoup plus profondes.
Mus par une sorte d'ivresse technique et une avidité pécuniaire
démesurée, les professionnels des marchés ont fait de la «finance
pour la finance», comme on fait de l'«art pour l'art». Encouragés
par les économistes théoriciens de la finance, dont plusieurs prix
Nobel, ils ont succombé à un véritable péché d'arrogance. En
apportant leur caution scientifique aussi bien au travail des «quants»
(les experts des modèles mathématiques d'ingénierie financière)
qu'à celui des équipes de gestion des risques, les théoriciens ont
conforté les praticiens dans le fantasme d'avoir dompté tous les
risques. Or, comme le montrent les auteurs, contrairement à ses
prétentions, la théorie financière est bien loin d'offrir cette garantie.
Errements des marchés, perversion du «génome théorique» de
la finance et carences de la régulation ont produit une véritable dislocation
du système financier. Seule une refonte profonde de celui-ci
peut le guérir. Elle risque fort de se révéler longue et douloureuse
pour l'«économie réelle» et ses agents, salariés et entrepreneurs.