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«Lorsque le Grand Roi, Colbert étant ministre, accordait le 18 janvier
1668 à la ville de Dieppe des lettres patentes, enregistrées au parlement
de Normandie le 17 août suivant, pour la fondation d'un hôpital,
il donnait comme raison de cette faveur qu'il était «de tout temps
sorti de cette bonne ville les plus expérimentés capitaines, et pilotes les
plus habiles, et les plus hardis navigateurs de l'Europe ; que ceux de ce
lieu-là avaient fait les premières découvertes des pays les plus éloignés.»
Les Parmentier étaient des pilotes d'Ango, le vicomte de Dieppe.
Mais quel rôle avait joué ce dernier dans les entreprises de ses
compatriotes ? Des légendes, répétées et amplifiées d'un historien à
l'autre, le dépeignant comme un riche armateur, traitant d'égal à égal
avec les rois ; mais il n'y avait dans tout cela rien de précis. De
documents il ne restait que quelques vieilles chroniques sans grande
autorité, les archives de la ville de Dieppe ayant été complètement
détruites dans le bombardement de 1694 par la flotte anglaise. Il
existait là, en réalité, une lacune au point de vue de notre histoire, et il
était intéressant de la combler.
De longues et patientes recherches dans les registres des parlements
de Normandie, de Bretagne et de Provence, dans les archives de
Portugal et d'Espagne, dans les nombreux manuscrits de notre grande
et riche Bibliothèque nationale, m'ont successivement fourni des renseignements
qui éclairent d'un jour tout nouveau les entreprises de nos
marins normands sous le règne de François Ier. Peu à peu aussi prenait
corps et grandissait la physionomie de cet Ango, l'adversaire redouté
des Espagnols et des Portugais, défendant contre eux la liberté de nos
mers.»
E. G.