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Qui donc, en France, connaît seulement le nom de René
Madec ? A Quimper, dans sa ville natale, où la plaque d'une rue,
seule, évoque son souvenir, il n'est pas vingt personnes qui
pourraient donner quelques renseignements précis sur sa vie.
René Madec ne doit pourtant pas sombrer dans un injuste
oubli, car son aventure est une des plus extraordinaires de ce
XVIIIe siècle.
Il naquit et mourut dans la charmante et douce ville
provinciale de Quimper, mais le cadre de toute sa vie passionnée,
ce fut l'Inde, ardente et féérique, où se prolongeait il y a cent
cinquante ans, l'époque du Moyen Age et de la Renaissance, avec
ses rois et ses seigneurs fastueux, ses fiefs, sa vie voluptueuse et
cruelle, son fanatisme et sa brutalité, ses intrigues sanglantes et ses
guerres incessantes.
Un petit Breton, fils d'un maître d'école, misérable marin de
commerce, s'est taillé là-bas un royaume à coups d'épée. Il a été
nabab et l'un des premiers de cet empire mongol, héritier de celui
de Tamerlan et de Gengis-Khan.
Il a été un extraordinaire aventurier et il n'a pas été que cela. Il
fut aussi un grand Français, l'un de ceux qui, dans l'histoire
coloniale de la Monarchie, méritent de prendre place aussitôt
après les Montcalm et les Cavelier de la Salles, les Dupleix et les
Bussy.
Parvenu au faîte des honneurs et de la fortune, il a tout sacrifié
pour essayer de donner un immense empire à son pays, qui ne
s'en souciait guère. Si la France l'avait écouté, elle serait sans
doute aujourd'hui maîtresse de ces Indes qui ont fait la richesse et
la grandeur de l'Angleterre.