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L'histoire de notre relation à la nature suit l'évolution de ses modes de
représentation par les sciences et les arts. Le changement des codes de
cette représentation jalonne ainsi les progrès de notre compréhension
du monde, depuis la maîtrise de la perspective et la naissance des sciences
naturelles jusqu'aux avancées de la biologie et l'accès à l'infini petit.
Cette appréhension de la nature est aujourd'hui mise à mal. Les insuffisances
de la représentation sont telles que des crises environnementales
majeures n'ont pas été anticipées : le changement climatique et l'érosion
de la biodiversité, aux multiples conséquences en chaîne, échappent
à nos représentations culturelles communes.
Prenant justement en compte les relations entre les objets qui composent
la nature pour comprendre ces crises de type systémique, l'écologie
s'est détachée d'une représentation de la nature, une description de la
nature, au profit d'une présentation qui explicite son fonctionnement.
Cette nouvelle approche a largement inspiré des figures esthétiques
nouvelles. Artistes, urbanistes ou designers relient maintenant esthétique
et écologie par des réalisations concrètes : coulées vertes, installations
éphémères en matériaux naturels, esthétisation directe des objets
et des vivants, oeuvres in situ dans les espaces naturels, etc. Rassemblées
sous la notion d'esthétique verte, ces expériences se rattachent au champ
du savoir, de la technique et de l'aménagement du territoire.
L'esthétique n'est donc plus décorellée de notre rapport quotidien au
monde et elle traduit autant qu'elle accompagne le changement culturel
en cours, celui de l'écologie. Il ne s'agit plus de représenter mais d'interagir,
de présenter la nature et par-delà de se réconcilier avec elle.