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Dans l'effervescence de 1789, alors qu'une nation s'affirme au
Jeu de paume, l'Assemblée nationale invente une incrimination.
Calquée sur la traditionnelle lèse-majesté comme pour mieux
marquer le transfert de souveraineté, la «lèse-nation» cherche
à protéger la Révolution et ses nouvelles valeurs. Elle réprime les
adversaires tenus pour des «ennemis». Elle dit aussi ce qu'est
la nation. Épousant les craintes successives du régime naissant,
elle devient l'une des principales armes pénales des débuts de la
Révolution.
Alors que l'attention se porte le plus souvent sur les pratiques
de la Terreur, Jean-Christophe Gaven nous invite à découvrir une
phase fondatrice et peu explorée de l'histoire de la justice
politique révolutionnaire. En s'appuyant sur les archives judiciaires
et parlementaires des affaires discutées, et parfois jugées, au titre
de la lèse-nation, il met en lumière une expérience judiciaire et
politique marquée à la fois par les impératifs de protection des
nouvelles institutions - assimilée à la défense de la nation - et par
les aspirations libérales et légalistes du jeune régime - attachées,
elles, à la reconnaissance des droits individuels, y compris ceux
des accusés politiques.