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« La difficulté de concevoir un espace rationnel au-delà de la bien ronde vérité de l'être et de ce qui est conduit les philosophes à rabattre la question du néant sur celle du non-être. Penser le néant revient alors à décrire l'image négative de l'être. Lorsqu'il n'est pas réduit à pseudo-idée, à une folie, les philosophies occidentales admettent le néant comme une réalité inférieure, égale ou supérieure à l'être. Il exprime ainsi une carence, un surplus ou une équivalence à son égard, si bien qu'il en reste toujours dépendant. Le néant s'affirme ainsi comme une négation relative ou absolue de la positivité, comme son principe ou comme ce qui s'y oppose radicalement. »
Comment penser le néant ? Peut-on le concevoir autrement que la négation de l'être ? Peut-on lui restituer une dimension absolue, autonome et autarcique ? Et la philosophie saura-t-elle penser autre chose que l'être ? Parler du néant n'est pas parler de rien. C'est renoncer à la plénitude réconfortante de l'être et accepter les abîmes qui habitent notre conscience et notre raison. Il s'agit d'explorer la valeur heuristique de l'absurde, de l'incertain et de l'aporie. C'est l'occasion de renouer, page après page, avec la dimension autotélique de la philosophie et d'interroger le principe logique et métaphysique fondamental de nos raisonnements. Ce texte nous amène progressivement à accepter ce que la philosophie a cherché à exclure depuis ses débuts. Il prend la forme d'un voyage dans les pages oubliées des âmes spéculatives : celles de Parménide, où surgit le seuil de pierre, jusqu'au Japon où résonne l'écho du silence.