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Figure de proue de la pensée conservatrice américaine, Leo Strauss
(1899-1973) passe aujourd'hui pour le lointain inspirateur de la
politique étrangère de l'administration Bush.
Comment l'un des philosophes politiques les plus exigeants de son
temps, réputé pour sa lecture fine des classiques, a-t-il pu ainsi
devenir le maître à penser d'une génération d'hommes engagés
dans l'action politique et exercer une telle influence plus de trente
ans après sa mort ?
Jusqu'à présent, la France a connu de nombreuses traductions
d'élèves de Leo Strauss, sans toujours savoir ni qui ils étaient ni
d'où ils venaient (Allan Bloom, Francis Fukuyama et Samuel
Huntington par exemple). Anne Norton a fait partie du sérail :
c'est de l'intérieur qu'elle raconte la naissance d'un des courants
intellectuels les plus influents de notre temps, sans jamais tomber
dans le règlement de comptes. De la révolte étudiante de 1968 à
la république impériale de Bush, le résumé est saisissant et jette
un éclairage inédit sur la renaissance du conservatisme américain,
loin des dénonciations habituelles et politiquement correctes.
Au fil de son analyse des itinéraires et des pratiques intellectuels
d'une communauté, elle démontre que l'oeuvre et l'enseignement
de Leo Strauss ne menaient pas forcément au néoconservatisme.
La lecture de ses textes consacrés à l'islam, notamment, inflige
ainsi un démenti cinglant à la théorie du «choc des civilisations»
en vogue à Washington.
Derrière la modestie du propos et la clarté de l'écriture se
cache un regard décapant sur la philosophie politique dont
l'actuel gouvernement américain se réclame parfois pompeusement.
Ou comment démonter une imposture intellectuelle.